Polémique autour de l'image du CNRS galvaudée par une publicité ENTENDRE!
Les recherches du Pr Lorenzi:
Certaines personnes entendent relativement bien les sons, mais éprouvent des difficultés à "extraire" des paroles "noyées" dans un bruit ambiant, selon Christian Lorenzi qui dirige le groupe de recherche CNRS/GRAEC (Groupement de recherche en audiologie expérimentale et clinique).
Dans le bruit de la vie quotidienne la parole, pour eux, devient "masquée", alors que dans le silence, ce phénomène ne se produit pas. Leur capacité de "démasquage de la parole dans le bruit" est altérée, a-t-il résumé lors d'une conférence de presse.
Une personne qui entend bien "comprend mieux en présence d'un bruit fluctuant", comme la parole humaine, qu'en présence d'un bruit constant (climatiseur, moteur en marche...). Elle est capable, dans un bruit ambiant de conversations, de "pêcher la parole" de son interlocuteur lors de brefs instants (millièmes de seconde) où le bruit ambiant descend (des "vallées" entre deux pics de bruit), et de reconstituer ainsi le message qu'on lui adresse, poursuit le Pr Lorenzi.
Certaines lésions de la cochlée (oreille interne) peuvent "réduire cette capacité à écouter dans les vallées du bruit", dit-il de façon imagée.
Les patients seraient incapables de percevoir une des composantes acoustiques de la parole, appelée "structure temporelle fine" qui correspond à des fluctuations très rapides du son (une fréquence de quelques centaines à quelques milliers de hertz). Ils ne percevraient que les fluctuations plus lentes (fréquence de quelques hertz) de "l'enveloppe temporelle" du signal sonore, selon une étude publiée en décembre dans la revue scientifique américaine PNAS par l'équipe du Pr Lorenzi.
Ces travaux ont permis la mise au point d'un nouveau test auditif, visant à déceler les difficultés de compréhension de la parole dans le bruit, y compris chez des patients ayant un audiogramme "normal" en cabine insonorisée, c'est-à-dire capables de percevoir des sons de faible intensité dans le silence.
Entendre exploite le test à des fins purement commerciales:
Ce test qui doit être mis à la disposition des médecins spécialistes ORL, sera également proposé gratuitement à partir de la mi-septembre dans les points de vente du réseau d'audioprothésistes Entendre, a précisé son président Romain Tudual.
Nous devons nous poser certaines questions!
1- Cette publicité ne met elle pas en cause l'independance de certains chercheurs du CNRS?
La recherche sur les mécanismes de l'audition avance et c'est encourageant. Cependant je trouve gênant que certains chercheurs, reconnus pour la qualité de leurs publications, s'associent sous couvert de leurs travaux à cette véritable campagne de publicité.
2- Ce test permettant de diagnostiquer des lésions de l'oreille interne doit il être fait par un médecin ORL ou par un audioprothésiste?
Le serieux des recherches du Pr Lorenzi ne pouvant être mis en doute, le test est bien à visée diagnostique. Or le diagnostic d'une pathologie voire d'une lésion de l'oreille est bien un acte médical du ressort d'un médecin ORL. Si Entendre veut s'affranchir du passage pa l'ORL, qu'ils en annoncent la couleur haut et fort!
3- L'interêt d'effectuer un tel test chez l'audioprothésiste?
Il est interessant de mesurer la capacité de perception des structure fines, mais ce test ne fait pas avancer la qualité de l'appareillage. Entendre va probablement essayer de convaincre les patients dont le test est positif de s'equiper à tout prix, alors qu'il n'y a que l'essai d'appareils qui permet d'évaluer le bénéfice apporté par l'appareillage. Retour à la case départ!